Il vient de se passer en Angleterre une chose singulière, et dont je doute qu'il y ait un autre exemple dans l'histoire des gouvernemens représentatifs. Il existe un parti qui, voilà dix ans passés, malgré une possession presque traditionnelle du pouvoir, malgré l'appui marqué de la couronne, malgré le secours d'institutions faites en quelque sorte pour lui, se vit, après une honorable résistance, précipité du gouvernement par le mouvement régulier de l'opinion publique. Pour compléter et assurer sa défaite, les institutions qui le protégeaient furent modifiées, et, privé successivement de ses principaux moyens d'action, il tomba, lors des élections qui suivirent, à une minorité telle, que tout espoir désormais lui paraissait interdit. Cependant l'appui de la couronne lui restait encore. Un changement de règne le lui enleva, et la couronne lui devint aussi hostile qu'elle lui avait été favorable. C'est de ce point qu'il est parti pour se relever graduellement, à force de persévérance et de patience, jusqu'au jour où, sur un terrain choisi par ses adversaires, il vient de battre la couronne, l'agitation populaire et même une partie notable de l'aristocratie coalisées contre lui.