Depuis quelques années, les partis politiques en France offrent un spectacle singulier et qui met en défaut les observateurs les plus exercés et les plus attentifs. De quelque point de vue qu'on les regarde, de loin ou de près, en masse ou en détail, dans les principes qui forment leur lien ou dans les hommes qui les composent, partout on n'aperçoit que traits indécis et effacés, qu'images confuses et flottantes. C'est bien pis encore si l'on veut pénétrer au sein même des partis, et les suivre dans leurs agitations intestines. Des ressentimens d'autant plus implacables, des querelles d'autant plus vives, que trop souvent rien de sérieux ne les motive et ne les justifie ; des ambitions et des rivalités personnelles qui se couvrent à peine du masque de l'intérêt public ; des intrigues en tout sens qui se mêlent, qui se croisent, qui se heurtent, et, au milieu de tout cela, une lassitude chaque jour croissante et un épuisement presque général, voilà ce que l'on découvre, voilà ce dont il est impossible, quand on aime nos institutions, de n'être pas douloureusement affecté. Il est évident en effet que, sans des partis sérieusement constitués, le gouvernement représentatif ne saurait avoir ni dignité, ni puissance.