Le passé, c'est Adam, c'est le vieil homme. Le présent, c'est Jésus-Christ, c'est l'homme nouveau. L'univers ignore l'homme de l'avenir, l'homme du jugement, le dernier homme. Le berceau du monde est aussi le berceau de l'ancien homme ; quand l'œuvre du christianisme sera accomplie, on creusera sa tombe. Vieillard de six mille ans, il végète dans l'Inde, à la Chine, dans la Tartarie, la Sibérie, parmi les hordes de l'Amérique, de la Polynésie, de l'Afrique. Nos sectes philosophiques traînent à sa chaîne. Quant à nos niveleurs, à nos démagogues, ce sont les convulsions du vieil Adam à l'agonie.
Le Christ, c'est le nouvel homme. Avec lui commence et par lui doit se clore une ère de liberté encore peu comprise. Le Christ, c'est la route de la terre au ciel, c'est l'homme qui s'élance vers sa patrie céleste. Il arpente le globe comme l'Agrimensor romain, en orientant les cieux. Il l'explore dans toutes les hémisphères, domine partout la nature, la pénètre pour lui arracher des forces ; il honore la terre, nourrice du vieil Adam ; il la respecte, car elle l'a abreuvé du lait de ses mamelles ; mais l'Église, à ses yeux, est la mère spirituelle du genre humain. Loin de toucher au but, le christianisme n'a pas encore achevé la moitié de sa course. À peine s'est-il emparé du moral de la société, à peine y a-t-il enfoncé son rameau sacré. Il enfantera des œuvres de charité qui ne portent pas encore de noms.