Malgré l'admiration confiante que nos romanciers à la mode professent pour eux-mêmes, et en dépit des hymnes entonnés par leurs disciples avec une parfaite obéissance, l'état de la poésie et de ce qu'on appelle encore l'imagination préoccupe à bon droit les ames les moins chagrines ; si nous voulons pourtant nous consoler de nos misères, nous n'avons qu'à jeter les yeux sur les pays voisins. Triste consolation, hélas ! on aimerait mieux aller chercher à Londres ou à Berlin les plaisirs qui nous manquent ici, et opposer, comme Mme de Staël, aux dernières œuvres d'une littérature appauvrie les exemples vivifians de Goethe ou de Jean-Paul.