En attendant l'homme augmenté

Je n'ai malheureusement été qu'un Chirurgien. À la retraite de trente années de chirurgie d'urgence que je crois avoir pratiquée avec passion, j'en suis sûr, et dévouement (seul les patients pourraient le dire), je constate et confirme combien il est dur de ne rien faire quand tout s'agite autour de vous. J'ai donc prêté ma mémoire à France Gléglé de Saintjean qui a bien voulu, par quelques fragments de poésie, mettre en perspective chaque cas de maladie d'urgence chirurgicale digestive, de l'aurore de sa découverte à la maîtrise de son traitement actuel, rappelant quelques personnages et événements de la civilisation de l'époque, et surtout en insistant sur ce que le chirurgien ne dit pas au patient brusquement piégé par une maladie qui, dans le cas de la chirurgie digestive, peut avoir des conséquences funestes. La conviction d'exposer au grand public vient de cette dame de trente cinq ans, pâle et diaphane comme une porcelaine chinoise,qui me mena sa mère à ma consultation en disant : "Vos confrères viennent de tuer mon mari âgé de 40 ans pour une appendicectomie faite par les trois trous et trois jours de soins qui, sont devenus pour moi une éternité, me laissant un garçonnet sans père. Je vous demande expressément d'enlever la vésicule biliaire de ma mère qui souffre de calculs, selon la technique conventionnelle".
D'Hippocrate à la découverte de l'appendice au XVe siècle, de l'astrologie à Léon Gambetta mort d'appendicite à 44 ans, de Scanderbeg qui s'oppose en vain à l'empire ottoman à Rodrigo Borgia dit Pape Alexandre l'invincible, de la découverte des Amériques à la traite des esclaves noirs, de Charles VI à la République qui libère les peuples d'ici et d'ailleurs, que d'événements tristes ou salutaires, que de noms machiavéliques ou héroïques ont ensemencé la longue histoire de l'appendice et de sa maladie principale, l'appendicite. Depuis les origines, combien l'appendicite a-t-elle détruit d'humains. Et pourtant elle continue au 21ème siècle alors qu'elle est prétendument considérée comme bénigne! Quel sens ont les statistiques, les chiffres des patients guéris, en regard de la détresse d'une épouse, d'une maman, d'un papa ou d'un mari face à la mort brutale d'un patient à qui on a dit que trois trous et trois jours jours de soins suffiraient à traiter une maladie autrement redoutable!
Dans les chapitres "Les pieds dans le plat" et "Que faire", le fragment se veut moins poétique et recensent les données et indications françaises et internationales communément admises à fin d'aider au choix le plus pertinent,puisque désormais, le patient a droit à la parole et peut parfois préférer une technique à une autre, si le chirurgien a bien voulu tout exposé objectivement, avec les avantages et les inconvénients de chaque technique, à condition enfin, que le patient soit suffisamment lucide pour se détourner de la mode qui ne devrait concerner que toute autre chose à l'exception de la Vie.
Cette petite de collection de fragments d'une centaine de pages chacun est destinée au public, même si médecins et chirurgiens y trouveraient matières à controverses, à défaut de faire sourire.

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