La Folie Meurtrière en Héritage

Une fleur du mal à la beauté océane, dont l'odeur, faut-il dire plutôt que son parfum, corrompt l'âme de quiconque l'inhale trop longuement. Telle est Pandémonia, ravissante ville portuaire aux forts relents d'une société à la dérive.

Théo Bram travaille la nuit à l'aéroport international, comme homme de ménage. Il n'est pas un étranger. Il en a cependant la physionomie. Aussi a-t-il appris à ses dépens ce que signifie vivre à Pandémonia lorsqu'on n'a pas l'apparence d'un autochtone. À l'encontre de celle-ci, sa ville natale, il cultive de désolantes pensées, toutes inspirées par son expérience existentielle à Pandémonia. Mais, bien que nombreuses, le hasard a néanmoins décidé d'en élargir le cercle à partir d'autres chemins de vie que le sien. Une nuit, tandis qu'il s'applique de place en place à satisfaire aux exigences de son travail, il avise soudain un porte-documents à l'abandon sur une des banquettes de la salle où, à l'ordinaire, lorsque l'activité de l'aéroport n'est pas au point mort, patientent les voyageurs en partance vers différents ailleurs. Curieux, il s'en approche ; puis, après un temps d'hésitation, il se décide à l'ouvrir. Il contient le journal du docteur neuropsychiatre Valérie Pauilhac et deux cahiers d'écolier, intitulés l'un et l'autre Confessions. Par-dessus l'épaule de Théo Bram, abîmé maintenant dans la lecture de ces documents, on apprend que Valérie Pauilhac est chargée par le juge Meyreuil d'établir le portrait psychologique de l'auteur des Confessions que relatent les deux cahiers d'écolier. Ce dernier, écroué sur de simples présomptions de culpabilité, est présenté par la justice comme un dangereux criminel multirécidiviste, un cancer de la société en somme. Mais, en raison de son trauma psychologique dû à sa mère, une sorte d'ogresse frustrée à mort d'avoir donné le jour à un garçon et non à une fille, Camille Leurefut est-il bien le seul responsable des meurtres qui lui sont reprochés ? Et Valérie Pauilhac incarne-t-elle vraiment les principes de justice et de vérité que lui confère son statut de docteur neuropsychiatre ? Les institutions elles-mêmes d'Hubris, ce pays où d'aucuns reçoivent la folie meurtrière en héritage, n'ont-elles rien à se reprocher au regard de l'entropie sociétale qui n'a de cesse de s'amplifier sur l'ensemble du territoire ? D'un côté le journal de Valérie Pauilhac et de l'autre les cahiers de Camille Leurefut ont révélé à Théo Bram des faits qu'il tient pour des secrets tant ils sentent le soufre. Mais va-t-il les taire ? Ou, au contraire, faisant fi de l'adage qui prophétise un grand malheur à celui par qui le scandale arrive, les dénoncera-t-il auprès de quelque grand média ?

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