Il semble que Victor Hugo ne puisse appartenir qu'à la dévotion et au culte ; que, pour lui, la justice et la vérité n'aient pas à revendiquer leurs droits. Les orateurs officiels ont célébré sur tous les modes, voire le mode ennuyeux, le maître disparu ; ils l'ont à tout propos, vivant ou mort, apothéosé sans mesure et sans discrétion : c'était leur tâche, qu'ils ont accomplie en conscience, sinon avec compétence. Notre rôle est autre, il est aussi plus ingrat. S'il ne consiste pas, comme parfois on nous en a fait le reproche, à mettre en valeur seulement les « coins d'ombre » de nos gloires, il nous oblige à les disséquer intus et in cute, à découvrir l'homme dans chacun de ces exemplaires d'humanité que d'aucuns sont enclins à vénérer à genoux, non pas seulement comme des surhommes, mais comme des dieux.