La guerre qui vient d'éclater dans le Liban n'était pas difficile à prévoir. Les hostilités de l'année dernière n'avaient été que momentanément suspendues, et bien que l'avantage fût resté aux chrétiens, les Druses brûlaient de prendre leur revanche. Et cependant, s'il l'eût voulu, le gouvernement turc eût aisément prévenu la catastrophe qui vient d'avoir lieu. En effet, que sont au fond ces adversaires si acharnés ? Des paysans aux mœurs patriarcales, dont chacun possède, une maison et un verger. Pour troubler la paix, il fallait la malice et la ruse de tiers intéressés à la ruine commune, tandis qu'il suffisait pour la maintenir de la moindre intervention d'un gouvernement bien intentionné, fût-il aussi faible même que celui de l'empire turc.
[1] Nous recevons d'un missionnaire protestant quelques pages écrites a Damas très peu de jours avant les massacres qui ont ensanglanté cette ville, et auxquels l'auteur a échappé « par miracle, » nous écrit-il lui-même. On y trouvera, sur l'altitude du gouvernement turc, en Syrie et sur lai guerre du Liban, des informations qui n'ont rien perdu de leur opportunité.