Au milieu même des préoccupations causées par les affaires européennes, on ne saurait s'empêcher d'accorder quelque attention aux événemens dont le bassin de la Plata est le théâtre. En dépit de troubles trop fréquens, ces pays ont acquis déjà au point de vue commercial une importance réelle [1], et semblent commencer à se rendre compte des causes qui entravent un plus complet développement. Il leur est donc permis d'espérer un meilleur avenir, et peut-être viendra-t-il un jour où ils agiront à leur tour sur les destinées du monde. L'Europe ne peut d'ailleurs rester indifférente au sort des émigrans français, allemands, suisses ou italiens, établis en assez grand nombre au Brésil, dans l'Uruguay, dans la confédération argentine ; à ces divers points de vue, il n'est pas superflu de suivre les péripéties de la lutte soutenue par le Paraguay contre le Brésil et ses alliés, et de rechercher si le but que poursuivent les belligérans doit avoir quelque influence sur les intérêts politique » ou commerciaux. La Revue a donné [2] des détails sur l'aspect physique et l'histoire politique de ces contrées. Elle a exposé les incidens de la guerre civile qui, après avoir sévi dans la Bande-Orientale en 1863 et amené l'intervention armée du Brésil, se terminait par le triomphe du général Florès à Montevideo. Depuis cette époque, une nouvelle guerre a éclaté. N'ayant à l'origine d'autre motif que des revendications de territoires et des questions de navigation, elle a depuis changé de caractère : il s'agit aujourd'hui de renverser le président du Paraguay, de donner à ce pays une liberté qu'il ne semble pas réclamer, et des institutions analogues à celles des états voisins.
[1] Le commerce général du Brésil en 1864 avec la France a été de 198 millions. Il tient le 9e rang sur la liste par ordre d'importance, et précède les États-Unis. Le commerce général de la confédération argentine a été de 93 millions. Elle occupe le 15e rang, avant les Pays-Bas.
[2] Voyez la Revue du 15 février et du 15 novembre 1865.