Critique littéraire, Boulenger est l'auteur de diverses études dont l'une sur le poète Émile Henriot (Éditions du Divan, 1913), sur Marceline Desbordes-Valmore, Nostradamus, Gérard de Nerval, Paul-Jean Toulet de même que sur le dandysme. Il rassembla ses chroniques de l'Opinion et de L'Écho de Paris dans le recueil Mais l'art est difficile (1921 - 1922).
Boulenger est aussi romancier, il a entre autres écrit Le Miroir à deux faces en 1928, Crime à Charonne en 1937, Adam et Ève en 1938, et conteur : Les Soirs de l'archipel, Contes de ma cuisinière en 1935.
Préface de Joseph Bédier écrivain, historien et médiéviste français (1864 1938)
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Avertissement au lecteur : A l'époque où ce livre a été publié, la grammaire française était un peu différente, et notamment, le « t » manquait à la fin des mots ; exemple « élémens » au lieu de « éléments » de nos jours ; nous avons souhaité respecter l'orthographe de cette époque et nous nous en excusons par avance pour les lecteurs qui en seraient déconcertés.
EXTRAIT :
Très grande fut la colère de l'Ennemi quand Jésus Notre Sire fut venu en enfer et en eut fait sortir Ève et Adam, et tous ceux qu'il lui plut.
Quel est Celui-ci, qui nous surpasse tant que notre force ne peut rien contre lui ? se demandaient les démons, étonnés.
Rappelez-vous, dit l'un d'eux, que les prophètes avaient annoncé depuis longtemps que le Fils de Dieu descendrait sur la terre pour sauver les enfants d'Ève et d'Adam. Et maintenant Il est venu et nous a arraché ce que nous avions conquis. Désormais il suffit que les hommes se lavent en une eau au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit pour que nous n'ayons plus aucun droit sur eux, à moins que leurs œuvres ne nous les ramènent. Encore le Fils de Dieu a-t-il laissé des ministres qui ont pouvoir de les sauver de nous, quels que soient leurs péchés, pourvu qu'ils s'en repentent. De la sorte, nous avons tout perdu.
Alors un des Ennemis reprit :
S'il y avait sur la terre un homme qui fût dévoué à nos intérêts autant que s'il était des nôtres, et qui fût doué de notre science des choses faites, dites et passées, il nous aiderait beaucoup à tromper les fils d'Ève et d'Adam, car il gagnerait sur eux une grande autorité. Or, n'est-il pas l'un de nous qui peut prendre semblance d'homme et féconder une femme ? Qu'il le fasse, et l'être engendré de lui, participant de notre nature, nous secondera puissamment.
Ainsi parlait l'Ennemi. Mais il était bien fol quand il croyait que Notre Sire lui permettrait d'engeigner à ce point l'homme de Jésus-Christ.