Nous étions au cœur de juillet. Le soleil, d'un blanc presque transparent, léchait les arbres, coulait sur la rive du fleuve, énorme, aplati, invincible. Il était 19 heures, le thermomètre affichait trois misérables degrés. Davis était français. Il ne croyait pas en Dieu. Plus personne ne croyait en Dieu.
On croyait au bonheur ; pas celui de la vie, celui-là, plus personne n'y croyait non plus, sauf peut-être les petits enfants. On ne voulait pas leur faire de peine, aux enfants, leur dire le monde tel qu'il était, alors on leur racontait n'importe quoi : un jour tu seras grand, tu aimeras une femme, un homme, tu l'aimeras si fort que des enfants comme toi naîtront de votre union. La suite, on ne la leur disait pas.