Les trains étaient le mode de transport privilégié de la plupart des gens : plus personne n'osait franchement sortir des villes pour s'aventurer au dehors, hormis les hommes et femmes dont c'était le métier, et encore lorsqu'ils y étaient forcés. Le confinement nous avait donné la peur des grands espaces, l'étendue infinie du ciel nous terrifiait. Pour peu, nous aurions complètement cloisonné l'ensemble de nos vis-à-vis sur l'extérieur si le manque de lumière naturelle n'était pas néfaste pour la santé.
Vous avez su saisir la beauté de l'instant, n'est-ce pas ?
Je haussais un sourcil à présent. Quel drôle de petit homme que voilà. Je remarquai la tasse de porcelaine et la théière posées sur un plateau à côté de lui. Je ne l'avais pas vu se faire servir du thé tant j'étais perdu dans mes pensées. C'était étrange de nos jours d'introduire une conversation auprès d'inconnus. Il voulait discuter beauté au beau milieu d'un train rétro qui était encore doté de vitres. On se serait presque cru à l'époque victorienne en route pour une campagne britannique.