Non, ce n'est point une histoire que M. de Lamartine vient d'écrire, c'est une impuissante apologie. La révolution de 1848 est la plus triste des crises qui marquent périodiquement, depuis soixante ans, les étapes de notre décadence. M. de Lamartine en a été, au moment suprême, l'acteur décisif, et il est le seul qui en portera la responsabilité devant l'avenir. La condamnation de la révolution de 1848, nous allons la lire dans les balbutiemens, dans les déclamations, dans les aveux et dans les réticences de M. de Lamartine. Quant à la responsabilité qui pèse sur lui l'orgueil de M. de Lamartine la revendique tout entière et qui pourrait d'ailleurs la lui disputer ? A l'exception de M. François Arago, qui s'y laissa traîner et qui remplit sa tâche avec le mutisme de la résignation, les collègues de M. de Lamartine au gouvernement provisoire sont des hommes qui n'auront jamais un nom devant la postérité des hommes sur lesquels les jugemens de l'histoire n'auront jamais des hommes dont l'élévation sans lendemain fut une des plus insolentes bouffonneries de la fortune. Sans M. de Lamartine, la république repoussée par l'immense majorité du pays, ne fût point sortie de la sédition du 24 février ; si M. de Lamartine n'eût pas consenti être le collègue de MM. Flocon, Ledru, Pagès, Crémieux, Louis Blanc, Albert, Marie, on n'eût jamais entendu parler de cette autocratie révolutionnaire qui s'est appelée le gouvernement provisoire. Il est naturel que M. de Lamartine vienne se défendre lui-même en racontant la révolution de 1848. Elle est son œuvre, et la fortune de son nom y est indissolublement attachée.