Quand nous avons passé trente ans, nous ressemblons
Aux arbres mutilés par les noirs aquilons :
Leur front se découronne, et leurs sèves avares
Montent plus lentement dans les branches plus rares.
Quand la Terre, nubile et comme ivre d'amour,
Sent sa poitrine émue à des souffles sans nombre
Et reverdir son âme aux caresses du jour,
Leur feuillage pâli donne à peine assez d'ombre
Pour cacher un enfant endormi sur le sol ;
Nulle abeille n'y vient, par les chaudes journées,
Nager dans le parfum des fleurs abandonnées ;
Ils ne sont pas, la nuit, aimés du rossignol.
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.