Les vaillants petits peuples des Balkans viennent d'écrire dans l'Histoire une page superbe. Un moment, on a cru qu'elle allait clore le chapitre des luttes épiques du chrétien contre le Maure.
Si le choléra ne leur avait brusquement barré la route, ils auraient terminé à coups de canon, ce que Charles Martel avait commencé, au VIIIe siècle, à grands coups d'épée : la tâche où l'Espagne des temps héroïques s'attarda pendant tout le Moyen-âge et à laquelle l'effort répété des croisades n'avait pu donner qu'une solution précaire et sans lendemain, la tâche compromise par le retour offensif de 1453 qui ramenait le Croissant à Stamboul, la tâche que laissaient encore inachevée et le triomphe des flottes catholiques à Lépante, en 1571, et la victoire de Sobieski, à Vienne, en 1683.
Trois semaines ont suffi aux Bulgares, aux Serbes, aux Monténégrins, appuyés par les Grecs, pour bousculer et balayer cet empire turc dont les grandes puissances cherchaient en vain depuis si longtemps, sans oser s'y résoudre, à débarrasser l'Europe.