« Année 851, jour 365.
Pourquoi rouler moins vite sur l'autoroute ? Les accidents de voiture n'arrivent qu'aux autres... Voilà souvent le raisonnement facile auquel les ancêtres se sont livrés. Il était beaucoup plus commode d'éviter de regarder la réalité en face. Leur réaction a été la même lorsque certains d'entre eux ont demandé :
"Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ?"
Ils savaient que le problème existait mais ils ont éludé la question. Chaque nouvelle génération qui voyait le jour sur Terre avait moins d'espace, moins de nourriture, moins de ressources. Et pourtant, rien ne changeait. Un jour, le problème les a rattrapés et a éclaté à la face du monde sans que personne ne s'attende à l'affronter aussi tôt, comme une tumeur présente depuis toujours et qui se réveille sans crier gare.
Seulement, pendant toutes ces années, ils avaient pris le problème à l'envers. Un contresens révélateur de leur égocentrisme. Leur domination sur Terre était si totale qu'il ne leur était pas venu à l'esprit qu'Elle puisse leur survivre.
"Comment la planète se portera-t-elle lorsque notre espèce disparaîtra ?"
Voilà la vraie question qu'ils auraient dû se poser. Je m'appelle 103 et je fais partie des derniers représentants de l'espèce humaine, digne descendante d'une civilisation qui s'est accrochée à son existence comme un parasite.
Mais, aujourd'hui, pour moi tout s'arrête, c'est dans l'ordre des choses. »