Ninette était la plus charmante petite fille du monde. Elle surpassait en beauté, en transparence, ces délicieux enfants anglais des peintures de Joshua Reynolds et de sir Thomas Lawrence, dont la chair semble faite avec des roses pétries dans du lait ; si elle n'avait eu un joli tablier noir découpé à dents de loup, on l'eût prise pour un chérubin, mais on sait que les chérubins ne portent pas de tablier noir. Ses beaux yeux limpides, naïvement étonnés, abritaient, sous des franges de cils, un ciel plus azuré que l'autre, car il n'y passait jamais de nuage. Vous dire que sa mère en était folle, c'est chose inutile : une mère trouveraitQuasimodo supportable, et Ninette, c'était Esméralda blonde, et qui n'avait pas été élevée chez les truands.
Cette jolie tête renfermait un charmant esprit, esprit de sept ans, bien entendu, et cette douce petite poitrine blanche un bon petit cœur palpitant au récit des belles actions, et s'attendrissant aux malheurs vrais ou imaginaires ; car, si Ninette aimait bien les poupées, elle aimait encore plus les histoires, et surtout les contes de fées, qui sont peut-être les seules histoires vraies...