La réalité clinique et institutionnelle, et ses difficultés actuelles, ont conduit les auteurs à relire plusieurs séminaires de Jean Oury, mais aussi à revisiter la catégorie de l'imaginaire à partir de l'élaboration de Cornelius Castoriadis. Là où Lacan mettait le symbolique, puis le Réel, au cœur de la problématique du sujet, Castoriadis place l'imaginaire radical à entendre dans ses deux acceptions : à la racine du sujet, mais aussi dans son inscription dans les « productions imaginaires du social-historique » , une manière pour lui de se détacher très tôt du structuralisme, de tout déterminisme, et de ce qu'il appelle « la pensée héritée ». À partir de cet ancrage théorique et politique, les auteurs explorent les pistes offertes par leur clinique des psychoses et des états limites, attentive à la narrativité, aux productions plastiques des patients, à leur accès à l'espace imaginaire Ils insistent sur la nécessité actuelle de repenser leur pratique clinique et institutionnelle en prise avec une « nouvelle raison du monde » néolibérale qui engendre une vision réifiée des sujets en souffrance, et promeut un imaginaire comptable, marchand, où chacun se trouve mis en concurrence avec tous.