un instant, de sa fenêtre, Pierre regarda la via Gambero et le Corso, plus loin. Puis il descendit. La tiédeur ambrée du jour le surprit après la demi-teinte froide qui l'avait enveloppé dans la pénombre blanche et glacée de l'escalier de marbre. Il longea, deux minutes, la via Gambero, rejoignit la via dei Condotti, hésita entre le Corso et la place d'Espagne Mais dans cet avril lumineux de Rome, le clair amphithéâtre de la Trinità de'Monti apparu devant lui, rose et ocre dans l'azur appâli du ciel, l'attira.
Des gamins passaient, descendant au Corso. Tous étaient jolis par l'étendue veloutée de leurs yeux et la matité brune de leur teint avivé sur l'incarnat de la bouche rieuse. Pierre aimait à les considérer. Et comme il s'attardait plus que de raison à fixer sur les petits Italiens ses regards charmés, quelques-uns lui sourirent, sans effronterie aucune, simplement, insouciants de la beauté que ces regards attentifs et quelque peu indiscrets saluaient en leurs frimousses éveillées.