Je ne sais pourquoi j'entrepris de faire la cour à cette femme. Elle n'était ni belle, ni jolie, ni même agréable. Et moi, (je le dis sans fatuité, mesdames,) on a bien voulu quelquefois ne pas me trouver indifférent. Ce n'est pas que je sois extraordinairement doué par la Nature au physique ni au moral : mais enfin, tel que je suis, l'avouerai-je ? j'ai été très gâté par le sexe. Oh ! rassurez-vous, je ne vais pas vous infliger un vaniteux récit de mes conquêtes. Je suis un modeste. Au surplus, il ne s'agit point de moi en l'occurrence. Il s'agit de cette femme, ou plutôt de cette jeune fille, enfin de cette Anglaise dont le curieux visage m'a plu pendant une heure.
C'était un être bizarre. Lorsque je m'approchai d'elle pour la première fois, une grande bête dormait dans les plis traînants de sa jupe. J'avais aux lèvres ces paroles aimablement banales qui facilitent les relations entre étrangers. Les mots ne sont rien en pareil cas, l'art de les prononcer est tout
Mais la grande bête, dressant le museau, grogna d'une manière sinistre, au moment même où j'abordai l'intéressante inconnue.
Malgré moi, je reculai d'un pas.
« Vous avez là un chien bien méchant, mademoiselle, » observai-je.
« C'est une louve, » répondit-elle avec quelque sécheresse. « Et, comme elle a parfois des aversions aussi violentes qu'inexplicables, je crois que vous feriez bien de vous éloigner un peu. »
D'un appel sévère elle fit taire la louve : « Helga ! »