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DE son grand couteau pointu à manche de bois noir, Urgèle Deschamps, assis au haut bout de la table, traça rapidement une croix sur la miche que sa femme Mâço venait de sortir de la huche. Ayant ainsi marqué du signe de la rédemption le pain du souper, l'homme se mit à le couper par morceaux qu'il empilait devant lui. Son pouce laissait sur chaque tranche une large tache noire. C'était là un aliment massif, lourd comme du sable, au goût sur et amer. Lorsqu'il eut fini sa besogne, Deschamps ramassa soigneusement dans le creux de sa main, les miettes à côté de son assiette et les avala d'un coup de langue. Pour se désaltérer, il prit une terrine de lait posée là tout près, et se mit à boire à longs traits, en faisant entendre, de la gorge, un sonore glouglou. Après avoir remis le vaisseau à sa place, il s'essuya les lèvres du revers de sa main sale et calleuse. Une chandelle posée dans une soucoupe de faïence ébréchée, mettait un rayonnement à sa figure barbue et fruste de travailleur des champs. L'autre bout de la table était à peine éclairé, et le reste de la chambre disparaissait dans une ombre vague.

Un grand silence régnait, ce silence triste et froid qui suit les journées de dur labeur. Et Mâço allait et venait, avec son ventre énorme, et son goitre semblable à un battant de cloche qui lui retombait ballant sur la poitrine.

Elle parla :

Mon vieux, j'cré ben que j'vas être malade,

À soir ?

J'cré qu'oui.

Ça serait teut ben mieux d'aller cri le docteur.

J'cré qu'oui.

J'irai après manger.

Dans la pièce où l'ombre écrasait le faible jet de lumière, le silence se fit plus profond, plus lourd. Soudain, un grondement souterrain ressemblant à un sourd roulement de tonnerre se fit entendre. C'était un manœuvre, le Petit Baptiste, qui venait de basculer dans la cave profonde un tombereau de pommes de terre. L'instant d'après, il entrait dans la cuisine où Deschamps attendait d'un air morne.

L'homme de peine, très petit, était d'une laideur grandiose. Une tête énorme de mégacéphale surmontait un tronc très court, paraissait devoir l'écraser de son poids. Ce chef presque complètement dépourvu de cheveux, ressemblait à une aride butte de sable sur laquelle ne poussent que quelques brins d'herbe. La picotte avait outrageusement labouré ses traits et son teint était celui d'un homme souffrant de la jaunisse. Ajoutons qu'il était borgne. Sa bouche édentée ne laissait voir, lorsqu'il l'ouvrait, que quelques chicots gâtés et noirs comme des souches. Il se nommait Baptiste Bagon dit le Coupeur. En entrant, il jeta dans un coin son vieux chapeau de paille, puis ayant relevé les manches de sa chemise de coton, se mit à se laver les mains dans un bassin en bois. Pendant qu'il procédait à cette sommaire toilette, la porte s'ouvrit brusquement, et trois bambins entrant à la course, allèrent s'asseoir côte à côte sur un sofa jaune disposé le long du mur. Bagon s'essuya les mains au rouleau en toile accroché à la cloison, et vint se mettre à table. Gourmandement, il examina d'un coup d'œil ce qu'il y avait à manger et sa figure exprima une profonde déception. Il avait espéré mieux et était cruellement déçu. Les enfants s'approchèrent à leur tour et le repas commença. Deschamps tenait son bol de soupe à la hauteur de sa bouche pour aller plus vite. Comme lui, les autres lapaient rapidement, et les cuillers frappèrent bientôt bruyamment le fond des assiettes vides. Bagon piqua de sa fourchette un morceau de lard et deux grosses pommes de terre à la coque, à la mode de Mâço, c'est-à-dire non pelées, et cuites dans le canard. À la première bouchée, il fit une vilaine grimace et ses joues eurent des ballonnements grotesques, de brusques et successifs mouvements de droite et de gauche.

Batêche, jura-t-il enfin, c'est chaud !

Il s'était brûlé la bouche.

Des larmes lui étaient venues à l'œil et roulaient sur sa face ravagée,

Les petits, amusés,

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Generi Romanzi e Letterature » Romanzi contemporanei

Editore Gilbert Terol

Formato Ebook con Adobe DRM

Pubblicato 16/10/2018

Lingua Francese

EAN-13 1230002688824

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