« Imaginez-vous que tous les cerveaux sont faits de même ; j'entends qu'ils ont tous le même nombre de loges, contenant les mêmes germes, ainsi qu'en toute orange même nombre de pépins habitent même nombre de loges pareillement disposées. Mais voici que bientôt, de ces germes, les uns avortant, les autres se développant outre mesure, il résulte des disproportions d'où éclatent ces différences de caractères qui font les hommes si dissemblables.
Ce qui est curieux, c'est qu'il y a un de ces germes qui n'avorte jamais, qui s'alimente de rien comme de beaucoup, qui prend sa croissance l'un des premiers, et décroît le dernier de tous ; si bien que, celui-là mort, on peut être assuré que tout le reste de l'homme a cessé de vivre : c'est celui de la vanité Dans l'enfance, ce bourgeon n'est pas le premier à se montrer ; dans la jeunesse, il n'est pas le plus gros ; mais, dès vingt ans, c'est un tubercule respectable et vorace, qui s'alimente de tout. »