Il y avait bien encore Chicot,
son ami, lequel aimait les bons repas et les bons convives. Mais Chicot
était très fantasque dans sa vie. Le moine le voyait parfois trois ou quatre
jours de suite, puis il était quinze jours, un mois, six semaines sans reparaître,
soit qu'il restât enfermé avec le roi, soit qu'il l'accompagnât dans
quelque pèlerinage, soit enfin qu'il exécutât pour son propre compte un
voyage d'affaires ou de fantaisie. Gorenflot était donc un de ces moines
pour qui, comme pour certains soldats enfants de troupe, le monde commençait
au supérieur de la maison, c'est-à-dire au colonel du couvent, et
finissait à la marmite vide. Aussi ce soldat de l'Église, cet enfant de froc, si
l'on nous permet de lui appliquer l'expression pi?oresque que nous employions
tout à l'heure à l'égard des défenseurs de la patrie, ne s'était-il
jamais figuré qu'un jour il lui fallût laborieusement se me?re en route et
chercher les aventures.
Encore s'il eût eu de l'argent ! mais la réponse du prieur à sa demande
avait été simple et sans ornement apostolique, comme un fragment de
saint Luc : « Cherche, et tu trouveras. »
Gorenflot, en songeant qu'il allait être obligé de chercher au loin, se
sentait las avant de commencer...