« - Faut coire que je suis bon pour autre chose Elle insinua : - Pour ce gosse ? Il t'a converti ? Il réprima un commencement de violence et lui répondit : - Tu fais bien d'en parler, je vais tout te dire. Ça vaut la peine Elle attendait. - On l'a trouvé dans la rue, tout seul, en pleine fumée, la nuit du 3, la première Au Quartier Il avait rappliqué au grand galop de sa banlieue éloignée dès qu'il avait eu la nouvelle Et puis toutes les autres nuits de ces deux mois, on s'est pas quittés Ce qu'il a fait comme coups fumants, sanglants je te le dis pas : on peut toujours répondre que c'est de l'inconscience Et d'ailleurs on s'en fout : ce qu'on a fait, c'est très peu Le truc à signaler, c'est qu'il était heureux Heureux comme nous-mêmes on ne pouvait pas l'être Il ne l'avait jamais été, jamais, tu comprends ? C'est pas parce que c'est lui enfin, pas tellement Il s'embrouillait. Il reprit : - Ce n'est pas notre sous-prolo, notre bonne oeuvre. Y'en a plein comme lui, mais c'est avec nous qu'il est Il parlait comme à une amie prise dans son rêve : - Et puis, à Flins chez lui la bagarre dans l'usine, dans le village, et dans les blés en gerbe, ou pas encore coupés tu vois ça ? Ce n'est pas nous qui avons mis le feu aux meules, c'est les grenades »