C'étaient des murs bas, une tache brune de vieilles ardoises, perdue
au seuil de la Beauce, dont la plaine, vers Chartres, s'étendait. Sous le ciel
vaste, un ciel couvert de la fin d'octobre, dix lieues de cultures étalaient
en ce?e saison les terres nues, jaunes et fortes, des grands carrés de labour,
qui alternaient avec les nappes vertes des luzernes et des trèfles ; et
cela sans un coteau, sans un arbre, à perte de vue, se confondant, s'abaissant,
derrière la ligne d'horizon, ne?e et ronde comme sur une mer. Du
côté de l'ouest, un petit bois bordait seul le ciel d'une bande roussie. Au
milieu, une route, la route de Châteaudun à Orléans, d'une blancheur de
craie, s'en allait toute droite pendant quatre lieues, déroulant le défilé
géométrique des poteaux du télégraphe. Et rien autre, que trois ou quatre
moulins de bois, sur leur pied de charpente, les ailes immobiles. Des villages
faisaient des îlots de pierre, un clocher au loin émergeait d'un pli de
terrain, sans qu'on vît l'église, dans les molles ondulations de ce?e terre
du blé...