Suivant pas à pas la vie d'un essaim, depuis qu'il a quitté la ruche chaude et confortable pour affronter un monde plein de périls, Maeterlinck évoque « cette étrange petite république, si logique et si grave, si positive, si minutieuse, si économe, et cependant victime d'un rêve si vaste et si précaire ».
Il décrit de façon saisissante tous les actes du drame, l'essaimage, l'élevage des nouvelles reines, l'exclusion des bourdons après le vol nuptial, le massacre des mâles, et peu à peu, l'hiver venant, le retour au grand sommeil.
Avec la Vie des Abeilles, Maeterlinck a fondé en quelque sorte la sociologie animale. Par l'analogie constante qu'il découvre entre le règne de l'homme et celui des bêtes, son livre pose mille questions. Car ce chef-d'œuvre d'un grand naturaliste est aussi l'œuvre d'un poète et d'un philosophe, pénétré d'esprit scientifique, et dont un des plus grands savants d'aujourd'hui, Lecomte du Nouy, devait dire : « Il est notre maître à tous ».