CHAPITRE I
Chaque siècle a ses vices, ses travers, ses ridicules favoris. Prétendre les corriger par la critique, est l'ambition la plus sotte, le temps seul en triomphe, ou pour mieux dire, c'est l'inconstance humaine qui en fait adopter de nouveaux ou ressusciter d'anciens, quand elle a suffisamment subi le règne de ceux que la mode lui avait imposés. Ce n'est donc pas pour en faire la satire, que nous rappelons ici l'influence que l'amour de l'argent, le besoin de spéculer, le plaisir de duper, exerce sur notre époque. C'est uniquement pour raconter un fait qui est la conséquence d'un de ces travers du jour, enfin de ce goût pour la fraude qui après avoir passé par le charlatan, le marchand, le négociant, le spéculateur et la coquette, arrive aux classes les plus élevées de la société.
Celle dont nous relatons l'histoire, est sans contredit l'une des plus innocentes ; et pourtant elle coûta bien des larmes à la femme qui s'en rendit coupable par pure obéissance.