Devant la Morgue ! Je vous demande un peu ! Et c'était une foule comme on en voit, les soirs de premières, aux portes des grands théâtres, une foule qui, ainsi qu'on dit en style noble, faisait queue.
Que s'était-il donc passé ?
Je m'arrêtai, un instant, devant tout ce monde et j'écoutai.
Les dialogues s'échangeaient, confus.
J'entendais :
Quelle affaire !
C'est incroyable !
Cela ne s'est jamais vu !
C'est inexplicable ! Tout à fait inexplicable !
Aurait-on cru ce « Cocu à Roulettes » capable de commettre de tels actes ?
J'étais intrigué. J'interrogeai la personne qui me parut être la plus compétente et la mieux renseignée : une grosse matrone, l'épicière du coin, sans aucun doute, la directrice de la gazette scandaleuse du quartier.
Mon flair m'avait bien guidé. Je fus tout de suite renseigné.
Il s'agit, me dit ma digne informatrice, d'un homme qu'on a repéché hier matin. On l'appelait Monsieur Croupion.
Joli nom, madame.
N'est-ce pas, monsieur ? Mais, ce n'est pas tout Ce M. Croupion exerçait la profession de cul-de-jatte. Ne riez pas, c'est comme je vous le dis. M. Croupion avait des jambes ; mais il les cachait. On le voyait roulant dans un petit chariot en implorant la charité publique. Ça lui rapportait de fameux revenus !