« Avec ce personnage dont j'ignorais la présence insistante dans ma mémoire, avec cet Ivan Vassilievitch, l'orphelin, surnommé plus tard « le Terrible », j'ai affronté l'épouvante de l'esprit persécuté par le bien et le mal, l'équivoque des situations qu'induit un entourage prêt à la trahison et au meurtre, l'implacable paranoia de ceux dont on a défiguré l'âme dès la naissance. »
Le récit de Jeanne Champion, s'inspirant du chef-d'œuvre d'Eisenstein consacré au même Ivan, fait alterner des dizaines de voix, celle d'Ivan, mais aussi celles d'espions, de biographes, de boyards, d'anonymes, et celles des proches : la tsarine, le tsarévitch. Ce montage de dialogues déchirants, de monologues hallucinés, de confessions mêlées de correspondances fait de ce roman bien autre chose qu'un roman historique, plutôt une formidable exploration des abysses de l'Histoire.