Extrait: Il s'est rencontré un directeur de journal pour venir trouver, à la fin de juillet, une Parisienne sans défense, qu'il a traînée dans un bureau de rédaction.
Et là, mettant entre les mains de sa victime une plume de fer toute neuve, il a prononcé, comme le premier témoin dans les duels de théâtre, les dramatiques paroles que voici :
« Mademoiselle, partez. »
Partir. J'avais envie de le prendre au mot.
Dieppe, Trouville, la Normandie, la Bretagne, tous les coins de plage où l'on est en cette saison ; il n'y avait que l'embarras du choix.
Le souvenir récent de la mer m'a fait peur à temps.
J'ai songé à Houssaye pour qui Paris est la villégiature idéale, la seule vraie campagne, la patrie du frais en été. Et j'ai décidé qu'Houssaye avait raison.
Ne confondons pas, ai-je dit. Je reste à Paris comme tant d'autres, qui datent pourtant leurs lettres de quelque casino en vogue. Mais c'est afin de rattraper le temps perdu pendant une longue absence, et non pour vous faire de la copie. Quelques notes de voyage ne vous donnent pas le droit de m'enrégimenter comme cela. Et puis les bas-bleus ne sont plus de mode.
Nous allons finir par nous entendre. Vos voyages d'outre-mer vous ont fait prendre le goût des excursions. Eh bien ! promenez-vous dans Paris. Parcourez-le en tout sens à votre fantaisie. Fouillez aussi dans votre mémoire. Cherchez, furetez, visitez, lisez, regardez, observez, écoutez. La seule chose que je vous demande, c'est de prendre des notes, et de me les envoyer chaque semaine.
Vous n'y songez pas ! ce que vous demandez là c'est la besogne d'un journaliste, d'un chroniqueur, comme vous dites.
Il y a des chroniqueuses aussi, mais elles portent d'ordinaire le masque du pseudonyme. Parlez à visage découvert. Nous y gagnerons.
Des compliments ? Vous êtes le plus fort. Je me rends. Mais vous savez. vous corrigerez mes épreuves.
Et voilà comment je suis devenue chroniqueuse.