Il avait les mains garro?ées derrière le dos, et serrées avec une violence
qui pouvait lui donner un avant-goût des tortures qu'il aurait à souffrir
quand ses bourreaux seraient arrivés à leur camp ou à leur village.
Pour plus de sûreté, on l'avait lié sur son cheval avec de fortes lanières
de peau de buffle 4, a?achées à ses chevilles et passées sous le ventre de
l'animal.
Il était facile de s'apercevoir que ce?e situation ne plaisait pas fort au
captif ; et la tristesse avec laquelle il supportait ses revers indiquait que la
patience ne comptait point parmi ses vertus capitales.
Deux des vainqueurs marchaient devant lui, un derrière. Le plus important
personnage chevauchait en tête de la troupe.
C'était sûrement un guerrier de distinction. Son visage et ses membres
nus étaient peints à la façon indienne. Des bandes de couleur, alternativement
noire, blanche et rouge, couraient sur ses joues, son cou et sa
poitrine. Sept plumes d'aigle ornaient sa tête, ce qui annonçait qu'il appartenait
à une caste très élevée, chaque plume représentant une chevelure
qu'il avait prise. À cet égard, il jouissait d'une supériorité enviable
sur ses trois compagnons dont nul ne pouvait se vanter de plus de quatre
de ces symboles, tandis que l'un d'eux n'en déployait que deux.
Le soleil allait se coucher. Les rayons de son disque de feu inondaient
de lumière la petite cavalcade qui gravissait en silence le flanc de la montagne.