Alors tout Marseillais qui tenait à raviver ses fleurs lorsque leurs
feuilles, flétries par l'action torride d'un soleil d'août, se penchaient vers
la terre, devait, comme à bord d'un navire en pleine traversée, comme
M. de Jussieu le fit pour son cèdre, prendre sur la part réservée à son
estomac, pour donner l'aumône de quelques gou?es d'eau à la pauvre
plante.
En ce temps-là déjà si loin de nous, grâce à la combinaison toutepuissante
d'eau et de soleil qui a si rapidement métamorphosé la végétation
de ce pays, que l'on ne se souvient plus, à Marseille même, qu'il fut
un temps où quelques pins, quelques oliviers craquant au soleil rompaient
seuls la monotonie du paysage dénudé ; en ce temps-là, disons-nous, le
village de Montredon offrait le plus complet spécimen de l'aridité qui caractérisait
jadis les environs de la vieille cité des Phocéens...