La Case du père Tom ! riposta véhémentement M. Sherrington ; une
exagération greffée sur un mensonge !
Néanmoins, objecta encore Coppie
Brisons là ou je me fâche ! tonna son interlocuteur.
Un moment après, il dit d'un air plus calme :
Vous renoncez à vos idées absurdes, n'est-ce pas, master Edwin ?
J'en exige le serment sur les Saints Évangiles. Puis, à ce?e condition,
vous pourrez espérer la main de Rebecca. Mais avant, mon jeune ami,
occupons-nous de votre situation. Vous n'êtes pas riche, bien qu'intelligent,
actif et vigoureux. On ne se met pas en ménage sans avoir une
somme suffisante pour satisfaire aux besoins de celle qu'on épouse. Jusqu'à
présent, vous vous êtes fort peu occupé de votre avenir. Il est temps
d'y songer. ?e comptez-vous faire ?
Monsieur, répondit Coppie, je me propose d'aller au Kansas.
Bien, et dans quel but ?
Le pays est neuf ; je pense qu'en m'avançant vers le territoire indien,
et jusqu'au Mexique, je gagnerai de l'argent dans la traite de pelleteries.
Hum ! commerce bien usé, fit M. Sherrington en hochant la tête.
J'ai, continua Edwin, un millier de dollars en espèces. Avec ce?e
somme, j'achèterai de la bimbeloterie
Et combien présumez-vous que rapportera ce commerce ?
Il y a des chances à courir, dit le jeune homme ; mais si la fortune
m'est favorable, j'espère porter mon capital à dix ou douze mille piastres
dans deux ou trois ans.
Dans trois ans donc, dit M. Sherrington. Mais vous répudierez vos
rêves abolitionnistes ?