Comme tu as bonne mine ! lui dit-il.
C'est assez étrange, répondit Raoul, car je suis fort peu joyeux.
C'est comme moi, n'est-ce pas, Raoul ? L'amour va mal.
Tant mieux, de ton côté, comte ; la pire nouvelle, celle qui pourrait
le plus m'a?rister, serait une bonne nouvelle.
Oh ! alors, ne t'afflige pas, car non seulement je suis très malheureux,
mais encore je vois des gens heureux autour de moi.
Voilà ce que je ne comprends plus, répondit Raoul ; explique, mon
ami, explique.
Tu vas comprendre. J'ai vainement comba?u le sentiment que tu as
vu naître en moi, grandir en moi, s'emparer de moi ; j'ai appelé à la fois
tous les conseils et toute ma force ; j'ai bien considéré le malheur où je
m'engageais ; je l'ai sondé, c'est un abîme, je le sais ; mais n'importe, je
poursuivrai mon chemin.
Insensé ! tu ne peux faire un pas de plus sans vouloir aujourd'hui
ta ruine, demain ta mort.
Advienne que pourra !
De Guiche !