Extrait : Etant donc animé par l'amour et par le vin, et brûlant du desir de parvenir au comble du bonheur, je jette ma couverture, et lui montrant l'impatience de mon ardeur : Ma chère Fotis, lui dis-je, aie pitié de moi, et hâte-toi de me secourir ; car tu vois, dès la première approche du combat auquel tu m'as appelé, que je me suis préparé de toute ma puissance, et si-tôt que j'ai été piqué de la première flêche de ce cruel Cupidon, cette vigne a tendu mon arc au point que je crains que la corde ne rompe s'il reste davantage ; mais, pour me faire encore plus de plaisir, délie tes cheveux, je te prie, laisse-les flotter en liberté sur tes épaules, et viens que je t'embrasse de tout mon cœur. Dans l'instant elle ôta le reste des mets que nous avions, et rangea la bouteille et les verres. Elle se déshabilla ensuite entièrement, dénoua ses cheveux pour augmenter la volupté, et parut belle comme Vénus sortant de la mer. D'une main couleur de rose, ombrageant, plutôt à dessein que par pudeur, sa nature mignone : Joutez à cette heure, et joutez vaillamment, me dit-elle, car je ne quitterai pas la place, et je ne tournerai pas le dos ; si vous avez de la valeur, disposez-vous à combattre, et me tuez pour mourir avec moi ; le combat d'aujourd'hui n'aura pas de relâche.