Cet essai renverse le regard porté sur les récits d'arrivées dans les grandes villes : et si ces « romans d'apprentissages », ces « romans de migrations », au lieu d'être des trajectoires d'émancipation, n'étaient-ils pas plutôt des romans d'ensauvagement ? La ville, l'urbanité n'est pas le stade ultime de la civilisation : au sein de sociétés capitalistes et inégalitaires, c'est bien le mythe positif de la ville contemporaine qu'il faut revoir à nouveaux frais. À partir des chefs-d'oeuvre de Marcel Proust, d'Osman Lins, de V. S. Naipaul, de Joyce Carol Oates et de Roberto Bolaño, l'auteur s'attache à définir ce qu'il entend par « mondains sauvages » : lorsque la ville est une erreur, un cauchemar, les personnages travaillent à leur propre dépossession. Les villes sont malades, trouées, névrosées dessinant des paysages labyrinthiques. Luciano Brito analyse, au plus près de la phrase, comment émerge une poétique sous le signe du devenir-végétal de l'urbain. Les métaphores botaniques, les lianes, la forêt, les listes d'algues : quelques pistes pour penser nos nouvelles urbanités. Le croisement audacieux des grands romanciers du XXe siècle à travers le monde propose ainsi une vision renouvelée des grandes villes, du bidonville à la mégapole, de l'agglomération branchée aux faubourgs sales.