Extrait : Mais le père de John est-il réellement si prodigieusement riche ? demanda Anna, dont les pensées n'avaient pas suivi le fil du discours de son père. On le croit ainsi. Et John est son héritier ? Certainement, il n'a pas d'autre enfant ; mais il n'est pas facile de dire ce qu'un être si singulier veut faire de son argent. J'espère qu'il le déshéritera. Vous me surprenez, Anna. Vous qui êtes si bonne et si raisonnable, souhaiter un pareil malheur à notre jeune ami, John Goldencalf ! Le vœu extraordinaire formé par Anna, me fit lever les yeux sur elle ; et j'aurais en ce moment donné toutes mes prétentions à la fortune en question pour la voir un instant, afin de pouvoir juger du motif qui l'avait fait parler ainsi, en examinant l'expression de ses traits. Elle était encore à la croisée ; l'agitation des feuilles des arbrisseaux me le prouvait ; mais une rose envieuse se trouvait précisément au seul endroit par où j'aurais pu l'entrevoir. Pourquoi formez-vous un souhait si cruel ? demanda le docteur d'un ton presque grave.