Les Quatre Fils d'Eves (Edition Intégrale - Version Entièrement Illustrée)
* Inclus une courte biographie de Vicente Blasco Ibanez
Descriptif : « Je fais des romans, assurait Blasco Ibáñez, parce que cela est chez moi un besoin. Si j'étais né dans un pays sauvage, sans livres, sans littérature, je suis certain que je marcherais pendant des jours pour raconter à une autre personne les histoires qu'il me serait arrivé d'imaginer dans ma solitude et pour entendre les siennes en retour. » Cette fois, il imagine Dieu rendant visite à Adam et à Ève chassés du Paradis terrestre et distribuant à quatre de leur centaine d'enfants les pouvoirs absolus qui rendront l'humanité malheureuse.
Extrait : Aussitôt qu'Ève s'était vue hors du Paradis, elle avait ressenti les premières anxiétés de la pudeur et de la honte. Dès lors, sa longue chevelure ne lui parut plus suffisante pour cacher sa nudité, comme au temps où elle n'avait pas encore prêté l'oreille au méchant serpent. Lorsque, après avoir été une dame de la « haute »,dans le Paradis, elle se vit réduite à n'être plus qu'une simple femme d'ouvrier dans le monde vulgaire, elle dut se confectionner en toute hâte un manteau de feuilles sèches qui la protégeât contre le froid et qui lui permît de se montrer dans une tenue décente aux êtres célestes.
Mais est-il possible qu'une femme comme il faut porte toujours le même vêtement ? Ce serait se ravaler au niveau des bêtes qui, depuis leur naissance jusqu'à leur mort, gardent sans cesse le même pelage, le même plumage ou la même carapace. En sa qualité d'être raisonnable, Ève était capable de ces transformations infinies qui constituent le progrès. C'est pour cela qu'elle s'appliqua à perfectionner l'art d'embellir sa personne.
Mue par la noble ambition de maintenir la supériorité de l'homme sur les autres créatures, elle voulut avoir chaque jour un vêtement neuf. On se tromperait absolument si l'on croyait, avec quelques philosophes de mauvaise humeur, que cette résolution lui fut dictée par la vanité, ou par le frivole désir de plaire aux hommes, ou par le malicieux dessein de faire enrager ses amies.