Extrait : Adèle eut un petit cri de joie lorsque ses mains s'enfoncèrent dans l'épaisse fourrure. Certes, elle pouvait l'admirer, car aucun roi au monde n'aurait pu en posséder une plus belle et plus moelleuse. Elle est admirable, monsieur, dit-elle, quel animal est-ce, et d'où vient-elle ? C'est un renard noir. Je l'ai tué moi-même l'hiver dernier près des villages iroquois du lac Oneida. Elle la mit autour de son cou, et son joli visage se détacha comme un marbre blanc sur le noir immacu-lé de la fourrure. Je vous remercie, monsieur, dit-elle. Je regrette que mon père ne soit pas ici pour vous recevoir. Je le remplacerai donc et je vous prie de vous considérer comme chez vous dans cette maison. Votre chambre est là-haut, Pierre vous y conduira lorsque vous le désirerez. Ma chambre ! Pourquoi faire ? Mais, monsieur, pour y coucher ! Il faut que je couche dans une chambre ? Catinat partit d'un éclat de rire en voyant la figure décon-fite de l'Américain. Vous n'y coucherez pas, dit-il, si cela ne vous fait pas plaisir. Le visage de l'étranger s'éclaira aussitôt, et il alla à une fenêtre qui donnait sur une cour : Ah ! s'écria-t-il, je vois là un hêtre ; si je pouvais y installer ma couverture, je serais mieux que dans n'importe quelle chambre. En hiver, on est bien forcé de s'enfermer, mais dans cette saison, j'étouffe avec un plafond au-dessus de moi. Vous n'habitez donc pas dans une ville ? demanda Catinat.