Dans les années 80, c'est à dire au siècle dernier, j'ai eu la chance de me trouver relié par un câble vidéo à un grand cameraman avec lequel j'ai couvert presque toutes les guerres de cette décennie fertile. Mon rôle de porteur de magnétoscope, car c'est souvent à cela que se réduisait la fonction d'ingénieur du son à cette époque de la technologie, m'a longtemps convenu. Sondier en Français. Ce vilain mot me faisait penser à une espèce de tamanoir, sans doute à cause de la perche qui semblait renifler le pourtour du cadre à la recherche du meilleur son. Néanmoins, cette position arrière me permettait de visualiser la scène tout entière plutôt que de la découper dans un viseur comme le cameraman et mon mutisme forcé m'obligeait à une forme d'attention qui donnait un relief particulier à ces « choses vues ». Ces croquis sont un hommage à mon père, journaliste lui-même qui m'a appris à regarder et à ce grand reporter qui m'a donné à voir.