En présentant au lecteur cette nouvelle traduction de la seconde partie des Saintes Écritures, il convient que nous donnions quelques renseignements sur le plan que nous avons suivi et sur les principes qui nous ont dirigés dans notre travail : quant aux détails de cette œuvre, nous ne mentionnerons que ceux sur lesquels quelques explications nous ont paru nécessaires.
Profondément convaincus de la divine inspiration des Écritures, nous avons cherché à les traduire en reproduisant aussi exactement que possible, en français, ce que Dieu nous a donné dans une autre langue, inconnue de la plupart des lecteurs de la Bible : nous avons rendu le grec aussi littéralement que le comportait la clarté nécessaire à l'intelligence de ce qui est dit. La profondeur de la parole divine est infinie, et l'enchaînement qui existe entre toutes les parties du mystère divin n'est pas moins admirable, bien que ce mystère ne soit pas révélé comme un tout, car « nous connaissons en partie et nous prophétisons en partie ». Ainsi nous rencontrons souvent dans la Parole des expressions qui, découlant du fond du mystère dans l'esprit de l'écrivain inspiré, donnent avec le secours de la grâce une entrée dans la liaison des diverses parties entre elles et dans celle de chacune de ces parties avec le tout. Conserver ces expressions du texte grec nuit quelquefois au style de la version ; mais lorsque la clarté de la phrase n'en souffrait pas, nous avons laissé subsister des expressions qui pouvaient contribuer à faire saisir toute la portée de ce qui se lit dans le texte grec. Dans d'autres cas, où le français ne permettait pas de rendre le grec littéralement et où la forme de la phrase grecque paraissait renfermer des pensées qui auraient pu être plus ou moins perdues ou modifiées dans l'expression française, nous avons donné en note la traduction littérale.
Il est un autre point qui touche au texte grec lui-même et qu'il importe de signaler au lecteur. Jusqu'à la fin du XVme siècle, époque à laquelle fut inventée l'imprimerie, les Saintes Écritures, comme tous les autres livres, n'existaient que sous la forme de manuscrits. La première impression de la Bible est due au cardinal Ximènes, mais les sources auxquelles il puisa sont encore peu connues. Deux ans avant cette publication, Érasme avait déjà publié une petite édition du texte grec, mais il n'avait pu consulter que fort peu de manuscrits, et même, pour l'Apocalypse, il n'en avait eu à sa disposition qu'un seul fort incorrect et incomplet. Vers le milieu du XVIme siècle, R. Étienne (Stéphanus) publia à Paris une édition du texte grec, basée sur la comparaison par lui faite de 13 manuscrits qu'il avait trouvés dans la bibliothèque royale et d'un 14me examiné par son fils Henri, et qui, plus tard, des mains de Th. de Bèze a passé dans la bibliothèque de Cambridge. Th. de Bèze publia lui-même, vers la même époque, une édition du Nouveau Testament avec une nouvelle traduction latine. Enfin, en 1633, on publia en Hollande une nouvelle édition du texte grec, peu différente de celle d'Étienne, et on fut assez hardi pour lui donner le titre de : « Textus ab omnibus receptus », texte reçu de tous. Si maintenant on laisse de côté les traductions faites sur la Vulgate, ou ancienne version latine, on peut dire, pour autant que nous le savons du moins, que tous les traducteurs modernes du Nouveau Testament ont pris jusqu'ici pour base de leur travail le texte appelé « texte reçu de tous », ou un texte encore moins correct. Or ce texte reçu ne repose que sur un nombre très-restreint de manuscrits. La critique était peu avancée à l'époque où il fut publié. Les craintes aussi des personnes qui désiraient que la foi commune ne fût pas ébranlée, empêchèrent que la question de l'exactitude du texte ainsi présenté, fût soulevée. Mais dès lors, plusieurs centaines de manuscrits, dont quelques-uns d'une très-haute antiquité, ont été examinés et comparés avec soin : on a pu ainsi corriger les