J'AURAIS trop à dire, si je voulais retracer tous les aveuglemens des hommes : aussi je me borne à attaquer les plus grands. D'abord, je ne puis voir sans indignation qu'il y ait encore des mortels assez pervers pour nier qu'il existe un Être Suprême ; j'ai tâché, dans ma première Ode, de confondre ces insensés. Dans les deux autres, j'ai voulu inspirer le mépris des grandeurs, faire voir que le bonheur ne consiste pas dans la fortune, j'ai voulu enfin Venger l'humble vertu de la richesse altière.
Puissé-je convaincre les hommes de leur folie ! Puissent-ils comprendre que la vie passe comme un songe, et que ces richesses, ces honneurs, ces titres de noblesse, qu'on recherche avec tant d'ardeur et que l'on conserve avec tant d'orgueil, sont de vaines puérilités, et deviennent inutiles quand la mort est arrivée !