« À ressentir la lune, à fredonner le vent, je me suis tant appliquée, À présent m'éloigne vieillie sans avoir rien accompli ». La femme qui écrivait ces mots a laissé en réalité sa trace fulgurante dans le ciel de la littérature mondiale. Li Qingzhao (1084 après 1149), considérée comme la plus grande poétesse de la littérature chinoise classique, est l'un des écrivains les plus admirés de sa civilisation. Mais pour nous, lecteurs et lectrices d'un autre monde, avec le recul du temps et sous le projecteur de l'époque moderne, les joyaux poétiques taillés par la poétesse n'ont rien perdu de leur éclat : la qualité des sentiments, l'originalité des images, l'art de la composition nous touchent immédiatement et nous font rentrer d'emblée dans son univers poétique. Quand on se penche un peu plus sur la substance des poèmes, il est frappant de constater que cette femme, qui connaissait tout de la culture de son époque, n'a jamais hésité employer toutes les ressources de sa langue pour s'éloigner des sentiers battus par ses prédécesseurs. Cet ouvrage regroupe cinquante-huit odes, l'essentiel de l'œuvre poétique de Li Qingzhao, en version bilingue (chinois classique avec le pinyin et français), accompagnées d'une introduction qui replace cette œuvre dans le contexte historique et culturel de l'empire des Song et d'un commentaire qui tente d'en explorer les principaux aspects.