« Un marchand de tableaux est un voleur inscrit au registre du commerce », « l'art, c'est Saint-Sulpice, c'est le calendrier des postes », « Dites le graphisme, l'écriture. Ne prononcez jamais le mot dessin » A l'évidence, l'art semble avoir été une source d'inspiration presque inépuisable pour Michel Audiard, ce dernier usant volontiers de sa verve pour railler certaines conceptions artistiques contemporaines, s'affichant souvent à contrario comme un tenant de la tradition.
Déjà, dans Les Tontons flingueurs, Michel Audiard semblait agiter la vieille « querelle des anciens et des modernes », opposant les « instruments de ménage » et la « musique des sphères » d'Antoine Delafoy aux considérations beaucoup plus classiques de l'art : sonates de Corelli, Beethoven, Chopin, Puvis de Chavannes, Reynaldo Hahn ou autre Ferdinand Berthoud. La variété, mais aussi la qualité des références employées par le dialoguiste, ne pouvaient qu'inciter à explorer le reste de son œuvre sous ce prisme artistique.
L'ouvrage présent revient donc sur les multiples considérations artistiques de Michel Audiard en s'appuyant sur près de 90 films qu'il a dialogués. Nous nous intéresserons ainsi aux références cinématographiques (entre clins d'œil à ses amis acteurs et allusions à de grands classiques du cinéma français et américains), musicales (de Bach à Mozart, des chanteurs yéyés à la voix d'Ella Fitzgerald, de la Valse triste de Sibelius aux chansons paillardes, de Maurice Chevalier à Boby Lapointe), picturales (des grands maitres de la Renaissance italienne au Fauvisme, en passant par l'Ecole de Barbizon et bien sûr l'Impressionnisme). Photographie, sculpture, céramique, théâtre Audiard ne semble faire aucune impasse et use de tous les stratagèmes, même les plus détournés, pour glisser dans ses dialogues quantité d'allusions artistiques. Affichant souvent ses préférences ou recyclant ses références favorites, le dialoguiste nous dévoile son univers artistique et culturel, souvent élitiste et loin des clichés. Visite guidée.