Jean-Paul appartenait à une famille d'honnêtes bourgeois. Il avait des sœurs, ce qui était très-malheureux pour elles ; mais il n'avait pas de frères, ce qui était très-heureux pour eux.
Jean-Paul était fainéant, gourmand, insolent, taquin, hargneux, peureux, sournois. Je n'en finirais pas si je voulais donner la liste complète de tous les petits défauts qui distinguaient Jean-Paul, un des mauvais sujets les mieux conditionnés dont l'histoire des enfants célèbres puisse nous léguer le souvenir. Non pas qu'au fond du cœur il fût essentiellement méchant, ni que, après avoir fait le mal, il ne fût susceptible de comprendre qu'il avait mal fait, surtout quand on le fouettait pour lui mieux expliquer la chose ; mais s'il était corrigible, ce ne pouvait être qu'avec le temps et par de grandes adversités. On pouvait le comparer à un jeune arbre qui a poussé de travers, et dont la structure faussée a besoin de quelque violent orage pour reprendre un élan naturel.