Si nous laissons de côté Paulding qui compte à peine, miss Sedgwick qui ne peut compter, et quelques autres noms plus obscurs encore, révélés seulement aux lecteurs s assidus des Revues étrangères, nous trouvons que la littérature vivante de l'Amérique anglaise n'est vraiment représentée au-delà de l'Atlantique, que par deux écrivains, Cooper et Washington Irving. Ce sont du moins les seuls dont la réputation, traversant les mers et venue des Etats-Unis en Angleterre, la mère-patrie ; se soit de là répandue et solidement établie dans le reste de l'Europe. Ce qui constate bien chez nous leur vogue et leur succès, c'est la promptitude que met notre librairie à publier les réimpressions et les traductions de leurs livres, et l'empressement avec lequel elles sont recherchées par le public. Cependant ces deux auteurs, que reconnaître un si réel et si incontestable talent, nous semblent, depuis quelque temps, s'être engagés dans une fausse voie, et se préparer, s'ils ne la quittent, plus d'un mécompte. Assurément ce qui leur a valu la célébrité dont ils jouissent, c'est bien moins l'originalité de la forme dans leurs ouvrages, que la nouveauté des mœurs qu'ils ont peintes d'abord, la nationalité des premiers sujets qu'ils ont traités.
A leurs débuts, ils avaient placé chez eux, dans leur propre pays, la scène de leurs drames. C'était une idée heureuse et intelligente. Aussi nous pressions-nous en foule à ces théâtres nouveaux qu'ils nous ouvraient: non point, parce qu'on y jouait comme sur les nôtres des comédies et des tragédies en trois ou cinq actes, mais parce que dans leurs pièces ils nous montraient, du moins, des décorations et des personnages que nous n'avions vus nulle pari encore.
[1] The Alhambra, or the New Sketch Book, by W. Irving. A Londres et à Paris, chez Baudry, rue du Coq, et Galignani, rue Vivienne.