C'est un port, l'un des plus beaux du bord des eaux. Il est illustre sur tous les parallèles. À tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus loin des mers. Il est l'un des grands seigneurs du large. Phare français, il balaye de sa lumière les cinq parties de la terre. Il s'appelle le port de Marseille.
Il a plus de cinq kilomètres de long. Il n'en finit pas. Peut-être bien a-t-il six, ou même sept kilomètres. Môle A, Môle B, Môle C. Il va presque jusqu'au milieu de l'alphabet, le port de Marseille C'est le marché offert par la France aux vendeurs du vaste monde. Les chameaux portant leur faix vers les mahonnes d'au-delà nos mers, sans le savoir, marchent vers lui. Port de Marseille : cour d'honneur d'un imaginaire palais du commerce universel.
Tous les vieux noms connus des hauts barons de la mer sont affichés là, aux frontons de ces môles, comme une courtoise invitation au voyage. La Paquet, la Transat, la Cyprien Fabre, les Chargeurs Réunis, les Transports, les Messageries Maritimes à tête de licorne. La Peninsular. La Nippon Yusen Kaisha. Où voulez-vous aller ? Au Maroc, en Algérie, en Tunisie ? Au Sénégal, en Égypte ? Au Congo, à Madagascar ? En Syrie, à Constantinople ? Au Tonkin ? Aux Indes ? En Australie ? En Chine ? En Amérique du Sud ? Faites votre choix.