Le mythe de l'écrivain qui se retire dans sa cabane au fond des bois pour y philosopher sur la nature, faire le point sur sa vie et couper des bûches à la hache, voilà le bon truc pour assurer un succès littéraire et éventuellement s'acheter un appartement en centre-ville grâce à l'artiche raflé dans la combine Henry David Thoreau s'y était essayé, avant lui le moine chinois Chmei dès le XIIe siècle, plus près de nous, l'inénarrable Sylvain Tesson Aujourd'hui, c'est Guyard qui se frotte au truc, élit domicile dans un minuscule mazet cévenol, au milieu des chevreuils, des grands chênes et des bergers mutiques et libidineux. Notre maieuticien assiste au monde, à son souffle, à sa pousse, à ses drames minuscules et cela suffit. De brefs chapitres, autant d'instants saisis dans la forêt, de fragments de sagesse brindezingue, de conseils de littérature frelatée Jules Renard zadiste à lui tout seul Entre expérience taoiste de la fusion avec la nature, conseils d'écriture pour pasticher les maîtres du genre, anecdotes où le talent de conteur le dispute à celui de l'enfumeur, et brûlot collapso-comique, Guyard produit cet opuscule où le luron égrillard cache mal, pourtant, sa nostalgie à bas bruit devant ce qui toujours s'enfuit On a connu ce dialecticien des bords de route enseignant en prison, barde de la sagesse voyoute et de la gymnosophie, féministe contemplateur et promoteur du gitanisme, on le découvre, pour ce sixième esclandre jovial au Dilettante, coureur des bois solitaire épris de la vie sylvestre, de sa faune fragile, de ses émois végétaux et de ses rôdeurs espiègles.