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Les bras en couronne sur la tête, Phonsine ne dormait pas. Inquiète, elle épiait dans la nuit les moindres bruits de la maison : l'œuvre lente du bois, un bourdonnement d'insecte, la chute d'un tison parmi les cendres. Au dehors, par rafales, les joncs secs craquaient et le serein faisait goutter du toit une eau lourde sur les feuilles tombées. Soudain un bruit grondement, puis éboulis couvrit tous les autres. Phonsine poussa son mari.

Allongé sur le dos, droit comme une flèche, Amable continua à dormir, anéanti.

Amable, t'entends pas ?

Il ronflait, la bouche ouverte.

Amable ! Le tonnerre gronde au nord !

Amable renifla. Puis, indifférent, la voix enrouée de sommeil, il dit tout bas :

Laisse-le gronder. Tonnerre en octobre présage d'une belle automne

Un bel automne sûrement ! s'impatienta Phonsine. Il mouille à verse presquement à tous les jours.

Mais Amable, face au mur, se rendormait déjà.

Après le départ du Survenant, Phonsine avait recommencé à traîner au lit, le matin, comme autrefois. Moins par besoin de sommeil cependant sa grossesse la portait plutôt à l'insomnie que par satisfaction, croyant reconquérir ainsi à ses propres yeux la part de prestige que la présence de l'étranger lui avait enlevée.

Aux premiers temps, il lui arrivait même de s'éveiller de joie, au milieu de la nuit. Les yeux grands ouverts, elle cherchait à quel vert feuillage son cœur volait ainsi, léger et tout effarouché. Ah ! oui, le Survenant était parti. Il avait quitté le Chenal du Moine. Plus de gros repas à préparer pour les hommes, au petit jour, dans la cuisine humide où les ombres s'attardaient. Soucieux, le père Didace Beauchemin n'accomplissait plus que les travaux urgents. Le matin, il se contentait de manger les restes de la veille, souvent froids, ou encore du pain et du lait, avec du sucre du pays. Jamais il ne se plaignait de la nourriture.

Mais d'être seule à la savourer, Phonsine voyait sa joie perdre, de jour en jour, les couleurs du premier éclat, elle la voyait se faner, comme une plante à l'abandon. Sans qu'elle se l'avouât, la maison lui paraissait grande et les prévenances du Survenant lui manquaient. Si Amable avait voulu comprendre et se rendre serviable le moindrement ! Loin de là, il avait retrouvé ses anciennes habitudes de flânerie, les jambes allongées, à fumer près du poêle. Phonsine avait essayé de lui dire, un midi : « T'es toujours dans mon chemin. » Cela n'avait pas fait. Il l'avait boudée et le père Didace s'était emporté contre lui. Depuis, Amable avait repris sa place accoutumée. Plutôt que de lui réclamer quotidiennement du bois dans le bûcher, Phonsine préférait partir à la recherche d'éclisses, même de bûches qu'elle entrait à pleines brassées. Ce n'était pas le fend-le-vent

L'image du Survenant, avec son grand rire et ses défauts, avec son verbe insolent et son obligeance, sillonna sa pensée. Mais elle s'interdit de trop penser à lui, de peur que l'enfant ne finît par lui ressembler.

La jeune femme palpa son ventre, si plat, si maigre. Était-ce possible qu'en elle le mystère de la vie s'accomplît ? Vitement, elle tira les couvertures pour recouvrir ses jambes et ses hanches. La première année de son mariage, elle avait cru que, lorsqu'elle attendrait un enfant, elle en parlerait à cœur ouvert avec Amable. Maintenant qu'elle le portait, le respect humain lui imposait le silence. Et, en réunion, elle se tenait à l'écart.

Aussi longtemps qu'elle aurait un souffle, l'enfant ne manquerait de rien, elle se le promettait. Non pas seulement de ce qui s'achète, mais de ce qui se donne. Rien ne se perd dans le monde. Le Survenant le disait toujours. Une neuvaine de beau temps nous récompense des jours pluvieux. Il devait en être ainsi des joies. Sa part de joie, de toutes les joies dont elle avait été privée, elle la donnait au petit.

Une clameur partit de la commune. À peine assourdie par le

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Generi Romanzi e Letterature » Romanzi contemporanei

Editore Gilbert Terol

Formato Ebook con Adobe DRM

Pubblicato 16/04/2019

Lingua Francese

EAN-13 1230003187647

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Marie-Didace
 

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