EXTRAIT: Aussi spacieuse que la place de la Concorde, à Paris, la Plaza Mayor de Mexico regorgeait de monde.
Dans le grand jardin d'Eucalyptus (création du malheureux empereur Maximilien), parsemé de fontaines et de statues, qui en occupe le centre et se nomme le Zocalo, devant les chaînes enfermant le Paseo de las Cadenas, square exquis planté autour de la cathédrale (construite par Cortez, sur les ruines du teocali atzeque) et de l'église du Sagrario, à la façade en pierre rose fouillée comme un ouvrage d'orfèvrerie du seizième siècle, une foule bruyante, bariolée, se pressait, s'écrasait, allant battre de sa houle les murailles du Palais National, résidence du Président de la République Mexicaine, s'engouffrant sous les portales, portiques analogues à ceux de la rue de Rivoli, qui occupent deux côtés de la place.
Cette cohue refluait dans la magnifique rue Cinco de Mayo, large artère reliant la Plaza Mayor au théâtre de l'Opéra.
Tous les échantillons des populations des Amériques Centrale et Méridionale semblaient s'être donné rendez-vous dans la capitale du Mexique. Brésiliens, Argentins, Chiliens, Péruviens, Ecuadoriens, Boliviens, Vénézuéliens, Colombiens, Costariciens, Guatémaltèques, etc., etc., blancs, créoles, métis, quarterons, sambos, discouraient, discutaient dans tous les patois dérivés de l'espagnol ou du portugais. Et c'étaient de grands gestes, des éclats de voix, des syllabes gutturales lancées connue des détonations. On eût dit qu'un vent de délire passait sur cet immense concours de peuple. Quel objet pouvait émouvoir à ce point ces gens de nationalités diverses ?